DIMANCHE DE LA MISERICORDE DIVINE 2020

Frères et soeurs, bonjour à tous.

Christ est ressuscité, il est vraiment vivant ! La même joie pascale du dimanche dernier est appelée à nous habiter aujourd’hui encore en ce 2e dimanche de Pâques qui est traditionnellement appelé le dimanche du « Quasi-modo » (de la même manière) : vivons cette célébration de la même manière que nous avons vécu celle de Pâques !

Oui, c’est le 2e dimanche de Pâques que le bienheureux Jean-Paul II était béatifié ; il avait fait également de ce jour « le dimanche de la Divine Miséricorde ». Un dimanche pour rendre grâce au Seigneur de la surabondance de sa Miséricorde.

En effet, la fête de la divine miséricorde » avait été demandée à une religieuse polonaise, Sr Faustine, par le Christ lui-même qui en avait fixé la date. Pour marquer cette date, le 30 avril 2000, saint Jean Paul II avait canonisé soeur Marie Faustine Kowalska, une religieuse polonaise qui avait reçu du Christ au début du vingtième siècle des révélations étonnantes au sujet de la divine miséricorde. Au cours de cette cérémonie, le pape avait répondu à une des demandes que le Christ avait faites dans ces révélations : que l’Eglise tout entière réserve le deuxième dimanche de Pâques pour honorer et commémorer la miséricorde infinie de Dieu. Mais c’est étonnant que sur le plan liturgique, le mot de « miséricorde » ne figure dans aucun des trois textes d’Écriture de ce jour et que l’appel de Jésus à Thomas oriente l’attention du coté de la foi en Jésus. Comment cette miséricorde nous est-elle révélée dans les lectures de ce jour ?

Tout d’abord, nous voyons la miséricorde à l’oeuvre dans l’attitude du Christ envers les hommes qui sont les apôtres qu’il avait choisis, mais qui l’avaient abandonné l’avant-veille. Ils l’avaient abandonné juste au moment le plus difficile, mais Jésus, lui, n’allait pas les abandonner. Il ne se laisse pas arrêter par les portes fermées, ni par celles du lieu où ils se tenaient, ni celles de leurs coeurs angoissés. Il ne les a pas livrés à leur sort. Il leur apporte la paix. Et il leur renouvelle sa confiance en les confirmant dans leur mission : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »

Nous voyons la miséricorde de Dieu dans la réaction du Christ envers les hommes qui l’avaient crucifié. Est-ce qu’il les anéantit en guise de vengeance ? Non. Au contraire, il leur envoie ses apôtres pour leur dire, à eux et à tous les pécheurs, à tous ceux qui, par leurs péchés, ont crucifié leur Dieu, qu’ils peuvent être sauvés, que Dieu ne les condamne pas.

Dans l’Évangile d’aujourd’hui, l’apôtre Thomas fait justement l’expérience de la miséricorde de Dieu, qui a un visage concret, celui de Jésus, de Jésus Ressuscité. Thomas ne se fie pas à ce que les autres Apôtres lui disent : « Nous avons vu le Seigneur » ; la promesse de Jésus qui avait annoncé : je ressusciterai le troisième jour, ne lui suffit pas. Il veut voir, il veut mettre sa main dans la marque des clous et dans son côté. Et quelle est la réaction de Jésus? La patience : Jésus n’abandonne pas Thomas l’entêté dans son incrédulité ; il lui donne le temps d’une semaine, il ne ferme pas la porte, il attend. Et Thomas reconnaît sa propre pauvreté, son peu de foi. « Mon Seigneur et mon Dieu » : par cette invocation simple mais pleine de foi, il répond à la patience de Jésus. Il se laisse envelopper par la miséricorde divine, il la voit en face, dans les plaies des mains et des pieds, dans le côté ouvert, et il retrouve la confiance : il est un homme nouveau, non plus incrédule, mais croyant.

Et rappelons-nous aussi Pierre : par trois fois il renie Jésus, juste au moment où il devait lui être plus proche ; et quand il touche le fond, il rencontre le regard de Jésus qui, avec patience, sans paroles, lui dit : « Pierre, n’aies pas peur de ta faiblesse, aies confiance en moi » ; et Pierre comprend, sent le regard d’amour de Jésus et pleure. Qu’il est beau, ce regard de Jésus, que de tendresse ! Frères et soeurs, ne perdons jamais confiance en la miséricorde patiente de Dieu !

Pensons aux deux disciples d’Emmaüs : le visage triste, une marche vaine, sans espérance. Mais Jésus ne les abandonne pas : il parcourt le chemin avec eux, et pas seulement ! Avec patience, il explique les Écritures qui le concernaient et il reste avec eux pour partager le repas. C’est le style de Dieu : il n’est pas impatient comme nous, nous qui voulons souvent tout et tout de suite, même avec les personnes. Dieu est patient avec nous car il nous aime, et qui aime comprend, espère, fait confiance, n’abandonne pas, ne coupe pas les ponts, sait pardonner. Souvenons-nous de cela dans notre vie de chrétiens : Dieu nous attend toujours, même quand nous nous sommes éloignés ! Lui n’est jamais loin, et si nous revenons à lui, il est prêt à nous embrasser.

Je voudrais souligner un autre élément : la patience de Dieu doit trouver en nous le courage de revenir à lui, quelle que soit l’erreur, quel que soit le péché qui est dans notre vie. Jésus invite Thomas à mettre la main dans les plaies de ses mains et de ses pieds, et dans la blessure de son côté. Nous aussi nous pouvons entrer dans les plaies de Jésus, nous pouvons le toucher réellement ; et cela arrive chaque fois que nous recevons avec foi les Sacrements. Dans son homélie saint Bernard disait : Par les plaies de Jésus, je puis goûter le miel de ce roc et l’huile qui coule de la pierre très dure (Dt 32, 13), c’est-à-dire goûter et voir combien le Seigneur est bon (Cantique des Cantiques 61, 4). C’est justement dans les plaies de Jésus que nous sommes assurés, c’est là que se manifeste l’immense amour de son coeur. Thomas l’avait compris. Sur quoi pouvons-nous compter ? Sur nos mérites ? Non ! Notre mérite, c’est

la miséricorde du Seigneur, et nous ne manquerons pas de mérite tant que la miséricorde ne nous fera pas défaut. Si les miséricordes de Dieu se multiplient, nos mérites seront nombreux.

Ceci est important : le courage de nous en remettre à la miséricorde de Jésus, de compter sur sa patience, de nous refugier toujours dans les plaies de son amour pendant cette crise sanitaire mondiale. Mais notre indifférence, nos fautes (péchés), nos doutes, manque de confiance ; peuvent-ils nous éloigner de la grâce de la miséricorde divine ? Mais qu’arrivera-t-il si nous avons à nous reprocher quantité de fautes ? Saint Paul dit : « Là où le péché s’était multiplié, la grâce a surabondé » (Rm5, 20) ». Quelqu’un pourrait peut-être penser : mon péché est tellement grand, mon éloignement de Dieu est comme celui du plus jeune fils de la parabole, mon incrédulité est comme celle de Thomas ; je n’ai pas le courage de retourner, de penser que Dieu puisse m’accueillir et qu’il m’attende, moi. Mais Dieu t’attend, toi, il te demande seulement le courage de venir à lui.

Chers frères et soeurs, laissons-nous envelopper par la miséricorde de Dieu ; comptons sur sa patience qui nous donne toujours du temps ; ayons le courage de retourner dans sa maison, de demeurer dans les blessures de son amour, en nous laissant aimer par lui, de rencontrer sa miséricorde dans les Sacrements. Nous éprouverons sa tendresse, si belle, nous sentirons qu’il nous embrasse et nous serons nous aussi plus capables de miséricorde, de patience, de pardon, d’amour.

Père Simon MAHOUNGOU