Édito du Père Simon – décembre 2020

Quelle étrange période ! On s’était presqu’habitué à ce que tout se passe bien, à ce que tout se répète, à ce que tout continue comme on l’avait toujours fait. La Covid 19 a mis à mal nos habitudes, y compris celles de l’expression de notre foi et des rythmes de l’Église.

Cruel paradoxe en effet : la Covid contraint à la distanciation physique quand tout le mystère de Noël appelle la multitude. La Covid oblige à compter la fréquentation, quand le Rédempteur vient sur la terre marqué du sceau le plus universel. La covid19 nous fait découvrir qu’une église de plus de 350 places est plus dangereuse dans la transmission du virus qu’un bus de 56 places (fermé comme dans une boîte de sardines) dans une grande ville où un bus peut prendre 80 personnes, sans respect de la distanciation physique. Oui, la covid19 nous fait réfléchir et nous interroge.

Mais protégeons-nous et protégeons nos semblables. Ce virus a d’autant moins dit son dernier mot qu’une inconscience collective lui fraierait la voie en baissant la garde.
Les mois passent. Nous sommes déjà au milieu du temps de l’Avent. Il ne faut pas rater l’événement de Noël. Mais comment ? Avant tout croire que le Seigneur que nous allons accueillir est déjà là. Il nous précède, mêlé aux foules humaines, souvent incognito. Ne ratons cependant pas le rendez-vous de la contemplation : Bethléem est constitutivement le lieu natif où la place manque au Sauveur qui veut naître au monde.

Et toi, quelle sera ta place à Bethléem ? Dieu sait ce que signifie manquer de place. Raison de plus pour qu’Il désire qu’aucun homme ne lui manque. Et qu’aucun de nos frères/ nos sœurs ne nous manque. Là où nous serons, sera toute la terre par le mystère même du Christ. Alors que la jauge sanitaire ne confine en rien notre fraternité; qu’elle ne jauge en rien la réponse de la foi, de l’espérance et de la charité.

Ce qui nous reste à faire durant ce temps de l’Avent : le repérer, le reconnaître, l’accueillir dans nos vies sous l’apparence d’un frère/ sœur à aimer, à secourir. Que l’Esprit Saint nous aide à lire tous les textes liturgiques qui nous sont proposés avec des yeux de chair. Nous les prendrons pour contempler nos jours et découvrir qu’une Vie (celle du Christ) se cache déjà en toute vie. L’Esprit Saint éveillera en nous l’intelligence du cœur qui nous rendra capable de célébrer Noël avec justesse. Nous reconnaitrons dans l’Enfant de la crèche celui qui passe tout humblement sur nos chemins.